Ras-le-bol de la situation politique à Madagascar

Article : Ras-le-bol de la situation politique à Madagascar
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26 août 2013

Ras-le-bol de la situation politique à Madagascar

J’ai voulu écrire beaucoup d’articles sur la politique à Madagascar surtout après l’exclusion des 3 candidats favoris par la nouvelle CES ou Cour Électorale Spéciale mais dommage je n’ai pas eu le temps.

A la place, je prends la plume pour vous dédier ce billet en signe de ma lassitude sur la situation socio-politico-économique à Madagascar. L’avenir s’avère encore plus incertain et s’annonce même plus sombre malgré la satisfaction de plusieurs pays suite à la nouvelle liste de candidats.

Peut-être il y aura une élection présidentielle ce 25 octobre mais ce n’est pas assuré d’apporter l’apaisement « durable » tant nécessaire pour Madagascar, soit cela apportera un apaisement « temporaire », soit n’apportera pas du tout l’apaisement.

Pour commencer, voici un résumé chronologique de la situation politique de cette année 2013.

Mais avant, je tiens à rappeler pour les néophytes que la crise a vraiment commencé par le coup d’état du 16 à 17 mars 2009 perpétré par une frange de l’armée malgache alliée à l’ancien maire d’Antananarivo Andry Rajoelina. Le président de l’époque Marc Ravalomanana avait alors dû s’exiler d’abord au Swaziland avant d’obtenir l’asile en Afrique du Sud. Andry Rajoelina est devenu l’homme fort du pays jusqu’à aujourd’hui.

2009, 2010, 2011, 2012 le pays est isolé par la communauté internationale, les principaux bailleurs de fonds cessent d’investir, la population subit une profonde crise: tourisme en baisse, insécurité, perte d’emplois, etc.

Cette année 2013 a été proclamée année des élections qui devaient être libres, consensuelles et inclusives. Ce qui n’est plus le cas!

 10-12-2013: Marc Ravalomanana a pris tout le monde de court. L’ancien chef d’Etat a annoncé à Dar Es Salaam en Tanzanie, qu’il ne serait pas candidat à l’élection présidentielle.

 15-01-2013: A son tour, Andry Rajoelina annonce qu’il ne sera pas non plus candidat.

Entre temps, le premier tour de l’élection présidentielle initialement prévu le 8 Mai 2013 est ajourné pour le 24 Juillet 2013 par la CENI-T ou Commission Electorale Nationale Indépendante de la Transition pour des raisons techniques.

 28-04-2013: Deadline du dépôt des candidatures à la présidentielle. A la fin de cette journée, la CES ou Cour Electorale Spéciale a en tout reçu 48 dossiers.

Quelques noms se démarquent dans cette liste : Lalao Ravalomanana, l’épouse de l’ancien président déchu Marc Ravalomanana, actuellement en exil; Didier Ratsiraka, chef de l’État de 1975 à 1993 et de 1997 à 2002; et le parti de l’actuel homme fort de l’île, Andry Rajoelina a aussi son candidat en la personne d’Edgard Razafindravahy.

03-05-2013: Jour de verdict de liste définitive des candidats par la CES.

Surprise! Le nom d’Andry Rajoelina, le président de la transition y apparaît! C’est ce que j’avais surnommé « candidature ninja » dans mes précédents billets.

La CES a validé 41 dossiers de candidature. Madagascar semble avoir battu le record avec ce nombre là!

08-05-2013: la CENIT procède au tirage au sort des candidats pour la confection du bulletin unique.

Bulletin unique, présidentielle à Madagascar. Crédit photo: la CENI-T
Bulletin unique, présidentielle à Madagascar. Crédit photo: la CENI-T

La CENI-T veut avancer mais une partie de la Communauté Internationale n’est pas du même avis: la décision de la CES leur est très contreversée comme quoi elle ne respecte pas les lois malgaches.

La France est le premier pays à contester la décision de la CES à travers son ambassadeur ici à Antananarivo: François GoldBlatt. La France déplore surtout trois candidatures: celle d’Andry Rajoelina, de Lalao Ravalomanana et de Didier Ratsiraka.

 11-05-2013: la SADC ou Communauté de Développement de l’Afrique Australe réclame le retrait des candidatures des trois principaux candidats.

En gros, c’est la soi-disant communauté internationale qui somme les 3 principaux candidats de se retirer. Selon eux, ces candidatures n’entraîneront que des troubles.

Ce n’est pas officiel mais c’est sûr qu’il n’y aura pas d’élection le 24 Juillet car il n’y aura pas de financement!

 02-07-2013: La France insiste: « La France appelle de nouveau Mme Ravalomanana, MM Rajoelina et Ratsiraka à observer les recommandations faites par la communauté internationale, et donc à retirer leurs candidatures aux prochaines élections présidentielles »

 15-07-2013: Le GIC-M ou Groupe International de Contact sur Madagascar lance un ultimatum au pouvoir de refondre la CES pour revoir la liste des candidats afin de retirer les 3 candidats controversés. Pourtant, selon la loi, la décision de la CES est irrévocable!

08-08-2013: Adoption du projet d’ordonnance permettant le retrait volontaire de candidature à la présidentielle

 09-08-2013: Nouvelle CES ayant pour mission de faire la révision de la liste des candidats.

 17-08-2013: Les trois candidats à l’élection présidentielle ont été retirés des listes électorales avec 5 autres candidats, moins importants: pour faire passer la pilule?

Cette décision de la nouvelle CES était prévisible vue la lourde pression de la communauté internationale.

 21-08-2013: 33 candidats dans la liste définitive à l’élection présidentielle

 22-08-2013: La CENI-T définie le nouveau calendrier électoral: le premier tour de la présidentielle va se tenir le 25 octobre prochain, et le deuxième tour, jumelé avec les législatives, se tiendra le 20 décembre. Le deuxième tour se déroulera durant la saison des pluies.

En second lieu, après deux reports pendant cette année 2013, cette troisième sera-t-elle la bonne?

En tout cas, Madagascar aura une élection au forceps. Ce qui est sûr c’est qu’une partie de la population se retrouve privée de son choix par la communauté internationale. Notons que les trois candidats retirés sont les trois favoris que l’on peut estimer à eux seuls pas moins de 60% des voix!

Beaucoup de pays étrangers attendent depuis trop longtemps pour investir à Madagascar, ils en ont marre d’attendre et ils accepteront les résultats des futures élections même s’il n’y aura qu’un taux de participation de moins de 30%.

Mais l’avis des malgaches dans tout cela???

Dernière nouvelle (vendredi dernier): le président de la transition Andry Rajoelina a annoncé qu’il accepte la décision de la CES et fera une passation en bonne et due forme au futur président élu. Tiendra-t-il parole cette fois-ci?

Et le buzz qui s’en suit: le drapeau malgache à l’envers durant son discours, blanc-vert-rouge au lieu de blanc-rouge-vert!

Drapeau malgache à l'envers, couac du protocole.
Drapeau malgache à l’envers, couac du protocole.
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Commentaires

fc
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Merci à vous pour ce billet d'information ,et surtout ,ne perdez pas votre courage!!!

Rijaniaina
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De rien, merci pour ta réponse!
Il ne faut jamais perdre le courage, mon pays en a besoin :)

CASSAM
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FAILLITE SOCIO-ECONOMIQUE PROGRAMMÉE PAR LE POUVOIR DE T.
Il faut reconnaître la faillite totale du système du développement socio-économique malgache. La constitution de la IV ème République a été conçue pour protéger le président de la République et sa suite par l’Assemblée Nationale, le Sénat qui sont censés « logés » des « élus majoritaires » issus de son Parti.
Les résultats « imprévus » de l’élection présidentielle et celle des députés (entachées par des Micmacs) ont auto-enrayé la machine étatique.

Le Président de la république ne possède pas un Parti Politique mais une Association et une plate-forme désignée.
Par ailleurs, ses «partisans » ne sont pas majoritaires à l’Assemblée Nationale.
Le Président de la république, par l’intermédiaire du gouvernement peut développer son programme par décrets.
Cette hypothèse est légale mais le gouvernement ne sera pas à l’abri d’un dépôt d’une motion de censure de la part des députés « élus » et dans quelques mois le Président ne sera plus protégé contre un « empêchement ». Comme on dit, ils marchent sur des œufs.

Les conséquences néfastes de la constitution de la IV ème enfoncent encore plus les malgaches dans l’abysse de la misère. Elle n’a pas été élaborée pour protéger le peuple mais pour maintenir une petite entité de politiciens de leurs acquis (accentués encore plus).

En résumé, la constitution malgache est composée de 168 articles dispatchés en 7 Titres.
Il n’y a que… 4 articles (De l’Article 19 à l’article 23) qui « soulignent » les droits de … regard de l’état sur les 5 millions de familles malgaches.

Regardons l’article 19, sous-titre II : « L'État reconnaît et organise pour tout individu le droit à la protection de sa santé dès sa conception, par l'organisation des soins publics gratuits, dont la gratuité résulte de la capacité de la solidarité nationale ».
C’est la seule loi qui traite la santé publique. La santé publique n’est pas gratuite. L’état … constate la nécessité de se soigner par des institutions publiques dont les médicaments et les matériels dépendent des « dons » (solidarité nationale). Si un proche ou un composant de l’état a une nécessité de soigner à l’extérieur, la solidarité … nationale (étatique) est enclenchée aux frais des contribuables.

Les proliférations des crickets, la décadence de la santé publique, la famine et la pauvreté généralisées (entr’autres) ne sont-elles des indicatrices pouvant déclencher … LA SOLIDARITE NATIONALE ?

Nos enfants et nos familles ne sont pas protégés par notre constitution.

Article 24 : « L'Etat organise un enseignement public, gratuit et accessible à tous. L'enseignement primaire est obligatoire pour tous ».
Ce qui veut dire que le cursus du Collège est en …OPTION. ET APRES ? C’EST LA RUE A 13 ANS ?
Pire ! L’article 22 : « L'Etat s'engage à prendre les mesures nécessaires en vue d'assurer le développement intellectuel de tout individu sans autre limitation que les aptitudes de chacun. »
Ceux qui peuvent en bénéficier, ce sont ceux qui ont les moyens d’envoyer leurs progénitures aux … collèges, aux lycées et aux écoles privées. C’est HONTEUX !!

Une question circule au sein de la Société civile : « LE POUVOIR DE LA TRANSITION AVAIT-IL LE DROIT DE MODIFIER LA CONSTITUTION ET DE LA SOUMETTRE A UNE CONSULTATION POUPULAIRE ? »
Les avis sont partagés mais la négation l’emporte sur le fond et la forme de cette Constitution.
Elle enfonce encore plus le pays dans la crise, appauvrit de plus en plus le peuple et enrichit plus le monde politique.

Comment faut-il procéder pour résoudre ce frein à l’essor de notre pays suite à cette constitution ?
L’élaboration (ou d’une révision) d’une nouvelle constitution doit être conçue par des professionnels apolitiques dans les domaines du droit, de l’économie, de l’histoire-géographie de notre pays et des éléments de la Société Civile. C’est INELUCTABLE.

A ce jour, les malgaches ont élu un président de façon …démocratique.
Le président élu n’a-t-il pas le pouvoir d’ordonner par décret d’élaborer ou de révision de constitution par des professionnels pour protéger les malgaches par des lois …cadres ?

Mamy CASSAM