Didier Ratsiraka de retour à la télé, un vrai spectacle
L’ancien président Didier Ratsiraka, candidat évincé par la nouvelle cour électorale spéciale (CES) sort de son silence et s’est exprimé hier 11 septembre sur sa vision concernant l’évolution de la situation politique sur une chaîne privée locale. Il a répondu notamment aux questions des journalistes nationaux et internationaux. Ratsiraka est enfin sorti de mon mutisme plus d’un mois après sa disqualification par la CES. Il a voulu être interviewé sur la chaine nationale publique (TVM pour la télé, RNM pour la radio) mais ce sont Andry Rajoelina et compagnie qui a la main mise depuis 2009, il doit alors se rabattre sur une chaine privée n’ayant pas une grande portée mais ayant tout de même une audience considérable surtout à Antananarivo!
Ce rendez-vous était déjà pressenti la semaine dernière, de même ses partisans affichaient déjà l’imminence de son retour sur son site web :
Je me souviens de son discours à son retour après plus de 7 ans d’exil en France: «Dieu m’a donné une chose, un cerveau… profitez que je sois encore là, car j’ai une idée que j’aimerai partager à la classe politique, civile, militaire et à tous les Malgaches pour sortir Madagascar des crises cycliques ». « Je ne demande qu’à ce qu’on m’écoute ».
Je savais que cet homme n’allait pas rester les bras croisés malgré son âge avancé, il voudra toujours marquer l’histoire du pays.
Il s’est donné en spectacle et il a bien réussi son apparition télévisée.
L’anti-élection
Il n’est pas contre l’élection en elle-même mais il veut une élection vraiment transparente et démocratique après les dialogues malgacho-malgaches initiées par le FFKM ou Conseil des Eglises Chrétiennes de Madagascar, il est donc contre l’organisation hasardeuse actuelle de l’élection présidentielle pour ce 25 octobre. Il rappelle le cas de plusieurs pays où les élections n’ont pas résolu les crises.
Il n’aime pas du tout l’introduction du « bulletin unique » à Madagascar un pays où plus de 40% de la population sont illettrées. De plus, le nombre exact des électeurs n’est pas encore défini. Cette élection organisée comme telle sera une source de division selon lui.
Pour lui : « Vive la conférence au sommet ! », appelé également « le sommet des 4 ». Qui sont ces quatre : Andry Rajoelina le président de la transition, Didier Ratsiraka ancien président, Albert Zafy ancien président et Marc Ravalomanana le dernier président élu actuellement en exil en Afrique du Sud.
Il veut mettre fin une bonne fois pour toute aux crises cycliques à Madagascar.
« Faisons cette table ronde et on verra bien ce que cela va donner ».
Des révélations : il fustige la France
« Vous vous rendez compte, 53 ans après l’indépendance c’est encore Le Quai d’Orsay qui commande. Paris est déçu des candidatures de Didier Ratsiraka, Lalao Ravalomanana et Andry Rajoelina ». C’est toujours La France qui décide de qui peut diriger ou ne pas diriger le pays.
« J’ai gardé le silence pendant un mois car c’était trop bas, cette ingérence inacceptable, que Paris peut s’arroger le droit de nommer qui peut être candidat et qui ne doit pas être candidat. »
C’est la France qui a ordonné à Philibert Tsiranana de se retirer du pouvoir en 1972 l’année d’un mouvement populaire au pays. En 2002, c’est toujours la France à travers son ambassadeur Stanislas de Laboulaye qui m’a demandé de quitter le pouvoir. Il a souligné, qu’il était l’un de ceux qui ont voulu la destitution de Ravalomanana au pouvoir en 2009, un plan initié par la France entre lui et Rajoelina mais finalement, il a préféré ne pas intégrer le régime de la Transition qu’il juge illégale et anticonstitutionnelle.
L’élection n’est pas une fin en soi, il y a d’autres choses fondamentales qu’il faut régler avant.
Les Iles Eparses de Madagascar
Les Glorieuses, Europa, Bassas da India, Juan de Nova, Tromelin …
Ces îles regorgent de ressources pétrolières gigantesques plus grandes que les réserves de Qatar !
En bref, Ratsiraka dit : ces îles appartiennent à Madagascar et non à la France. De plus, en 1979, l’ONU avait recommandé à la France d’engager les négociations en vue de la restitution des îles à Madagascar.
« Je vais écrire cela dans mon testament : ces îles sont malgaches ».
Il y a tout de même plus 400 000 milliards de pieds de mètres cubes de gaz dans ces îles. Wow ! wow ! wow !
Un plan de redressement
Il aurait un plan économique avec de vrais investisseurs qui permettra à Madagascar de devenir autosuffisant en riz, en huile, en sucre mais on pourra aussi exporter car la productivité aura triplé, tout cela juste en 2 ans (3 ans au maximum). Mais il faudrait avant tout réconcilier le peuple malgache. Sa stratégie de l’an 2000 demeure toujours, a-t-il ajouté avec un financement minimal immédiat de 4 milliards de dollars pour le développement sans augmenter la dette malgache.
Ses mots de la fin
Peuple malgache! Que voulez-vous une élection coûte que coûte, mal organisée, source d’une autre crise OU sortir de la crise ensemble dans une Nation réconciliée, un peuple qui a la volonté de vivre ensemble, de souvenir ensemble, d’oublier ensemble.
C’est possible !
Les coupables de la crise
Les politiciens malgaches tout autant que la Communauté internationale sont responsables de la crise malgache.
Toujours est-il que Didier Ratsiraka n’a pas tout révélé ou ne voulait pas tout révéler permettre à la population de savoir sur ce qui s’est passé vraiment dans ce pays et, enfin de pardonner.
L’organisation des élections par le CENI-T avance à grands pas, il est maintenant peu probable que les élections ne se tiennent pas comme deux fois auparavant (8 mai et 24 juillet). On verra ce qui va se passer ce 25 octobre %
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