Madagascar, 41 candidats à la présidentielle
Je prends la plume parce que je ne peux pas rester silencieux sur cette surprise qui a animé les réseaux sociaux à Madagascar durant la journée de vendredi. Ce jour du 3 mai, la CES ou Commission Électorale Spéciale a délibéré de la liste officielle des candidats retenus pour le scrutin présidentiel du 24 juillet prochain. Le verdict est tombé et la liste finale est composée de tout de même 41 candidats (c’est nombreux non?) avec la surprise du jour, à la 41ème place il y a le nom de Andry Rajoelina le président de la transition en personne qui ne figurait pas du tout dans les dossiers reçus par cette commission dimanche dernier la date limite de dépôt de candidature.
Politiquement vôtre

La liste définitive des candidats a été publiée par la Cour électorale spéciale (CES). Andry Rajoelina ainsi que Lalao Ravalomanana, la femme de l’ancien président renversé en 2009, Marc Ravalomanana, figure parmi les 41 candidats autorisés à se présenter.
41 c’est un record, on se demande si c’est un signe de la démocratie ou bien le prolongement du bordel politique qui secoue le pays depuis 2009. Heureusement, le ridicule ne tue pas. On a dépassé celui de la République Démocratique du Congo en 2006 avec 32 candidats.
Pour rappel, Rajoelina à l’instar de son prédécesseur en exil Marc Ravalomanana s’est engagé à ne pas se présenter au scrutin présidentiel dans le cadre de la facilitation du processus de sortie de crise. Tout le monde fut pris de court ce vendredi en voyant dans la liste officielle des candidatures validées son nom juste après celui du candidat désigné par son propre parti, le TGV. On peut se demander: c’est quoi ça!? Qui est alors le candidat officiel du parti?
La valse de dépôt candidature du 6 au 28 avril nous a donc réservé beaucoup de surprises à commencer par celle de Lalao Ravalomanana, l’ancienne première dame, désignée comme la candidate de la mouvance politique opposante à Rajoelina. La deuxième surprise fut celle de l’ancien président déchu en 2002 Didier Ratsiraka que l’on attendait pas du tout à cause de son état de santé et de son absence au pays depuis longtemps. La troisième surprise fut évidemment celle de Rajoelina qu’on aurait dû la pressentir vu son discours le 2 mai à son retour de l’Italie d’une rencontre avec le pape François:
« Avec cette candidature, c’est comme si Marc Ravalomanana lui-même se présentait à l’élection ».
Et c’est effectivement cette excuse qu’il argue pour justifier sa candidature surprise qui rompt son engagement de ne pas se présenter. Or, c’est la femme de Ravalomanana dont il s’agit mais pas de Ravalomanana en personne qui est toujours empêché de retourner au pays malgré la mise en œuvre de la feuille de route de sortie de crise (signature septembre 2011) exigeant son retour « sans condition ».
Réactions à chaud
La surprise du jour est de taille. Les réseaux sociaux ont été vraiment agités l’après-midi et cette nouvelle reste le sujet principal. Beaucoup croyant que le concept du Ni-Ni (Ni Ravalomanana ni Rajoelina) autrement dit la non candidature des 2 protagonistes de la crise malgache était la bonne voie pour la sortie de crise voient leur espoir anéanti d’un coup par ce changement, on n’est pas sorti de l’auberge, il faut encore patienter.
A la radio et à la télé, les journalistes n’ont pas manqué d’interviewer les politiciens qui sont également en majorité étonnés de cette candidature. Beaucoup voient en cela une manière un peu habile de toujours saboter le processus de sortie de crise pour se maintenir au pouvoir. Pierrot Rajaonarivelo, un candidat au scrutin déplore même qu’il a menti à tout le pays.
Il y a aussi le mystère du dépôt de dossier. Le dimanche 28 avril, la commission électorale précise d’ailleurs que 49 dossiers ont été déposés et qu’il n’y avait pas du tout d’Andry Rajoelina dans la liste. Et ce vendredi, on découvre qu’il y a subitement un 50ème candidat et 41ème parmi les retenus. Une candidature « ninja » dit-on, une situation digne des « Chuck Norris facts » selon moi!
A la guerre comme à la guerre, tous les moyens sont vraiment bons. L’essentiel est de toucher l’adversaire. Il faut également s’attendre que la classe partisane de Ravalomanana revendique à nouveau son retour pour se présenter contre Rajoelina et briser totalement l’accord Ni-Ni pour un Oui-Oui.
Anecdote sur le bulletin unique
Les malgaches utiliseront pour la première fois le bulletin unique durant le scrutin de juillet. Or, avec 41 candidats, ce n’est pas évident. Le bulletin unique sur la base de 47 candidats mesure 1,20 mètre de long. Donc avec maintenant 41 candidats, il n’y aura pas un énorme changement. Le temps passé dans l’isoloir pour choisir son candidat et plier le bulletin risque d’être long. De plus, la majorité des électeurs sont analphabètes.
Drôle d’élection à venir!
Conclusion
Puisque l’on dit que ce scrutin présidentiel sera une élection libre, je n’ai rien contre toutes ces candidatures, les électeurs sont comme des clients, nous sommes roi, donnez nous tous les choix possibles. La cour électorale ne dira pas le contraire:
elle est soucieuse du principe de la liberté de tout citoyen de se porter candidat à toutes les élections, afin de permettre à tout un chacun de choisir librement celui ou celle qui dirigera leur destinée, pour instaurer un climat d’apaisement permettant de tenir des élections justes, crédibles et acceptées par tous.
Pour rappel aux candidats retenus, démissionnez vous car la loi c’est la loi :
Article 9.- Toute autorité politique, candidat à l’élection présidentielle du 24 juillet 2013, doit démissionner de ses fonctions à compter de la date de publication de la liste officielle des candidats.
Article 10.- Tout candidat aux fonctions de premier Président de la Quatrième République exerçant un mandat public est appelé à démissionner de sa fonction soixante jours avant la date du 24 juillet 2013.
C’est mon premier billet politique sur Mondoblog et ce ne sera pas le dernier!
Eh, le monde! Suivez Madagascar de prêt! Par ici les yeux!
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