Ras-le-bol de la situation politique à Madagascar
J’ai voulu écrire beaucoup d’articles sur la politique à Madagascar surtout après l’exclusion des 3 candidats favoris par la nouvelle CES ou Cour Électorale Spéciale mais dommage je n’ai pas eu le temps.
A la place, je prends la plume pour vous dédier ce billet en signe de ma lassitude sur la situation socio-politico-économique à Madagascar. L’avenir s’avère encore plus incertain et s’annonce même plus sombre malgré la satisfaction de plusieurs pays suite à la nouvelle liste de candidats.
Peut-être il y aura une élection présidentielle ce 25 octobre mais ce n’est pas assuré d’apporter l’apaisement « durable » tant nécessaire pour Madagascar, soit cela apportera un apaisement « temporaire », soit n’apportera pas du tout l’apaisement.
Pour commencer, voici un résumé chronologique de la situation politique de cette année 2013.
Mais avant, je tiens à rappeler pour les néophytes que la crise a vraiment commencé par le coup d’état du 16 à 17 mars 2009 perpétré par une frange de l’armée malgache alliée à l’ancien maire d’Antananarivo Andry Rajoelina. Le président de l’époque Marc Ravalomanana avait alors dû s’exiler d’abord au Swaziland avant d’obtenir l’asile en Afrique du Sud. Andry Rajoelina est devenu l’homme fort du pays jusqu’à aujourd’hui.
2009, 2010, 2011, 2012 le pays est isolé par la communauté internationale, les principaux bailleurs de fonds cessent d’investir, la population subit une profonde crise: tourisme en baisse, insécurité, perte d’emplois, etc.
Cette année 2013 a été proclamée année des élections qui devaient être libres, consensuelles et inclusives. Ce qui n’est plus le cas!
10-12-2013: Marc Ravalomanana a pris tout le monde de court. L’ancien chef d’Etat a annoncé à Dar Es Salaam en Tanzanie, qu’il ne serait pas candidat à l’élection présidentielle.
15-01-2013: A son tour, Andry Rajoelina annonce qu’il ne sera pas non plus candidat.
Entre temps, le premier tour de l’élection présidentielle initialement prévu le 8 Mai 2013 est ajourné pour le 24 Juillet 2013 par la CENI-T ou Commission Electorale Nationale Indépendante de la Transition pour des raisons techniques.
28-04-2013: Deadline du dépôt des candidatures à la présidentielle. A la fin de cette journée, la CES ou Cour Electorale Spéciale a en tout reçu 48 dossiers.
Quelques noms se démarquent dans cette liste : Lalao Ravalomanana, l’épouse de l’ancien président déchu Marc Ravalomanana, actuellement en exil; Didier Ratsiraka, chef de l’État de 1975 à 1993 et de 1997 à 2002; et le parti de l’actuel homme fort de l’île, Andry Rajoelina a aussi son candidat en la personne d’Edgard Razafindravahy.
03-05-2013: Jour de verdict de liste définitive des candidats par la CES.
Surprise! Le nom d’Andry Rajoelina, le président de la transition y apparaît! C’est ce que j’avais surnommé « candidature ninja » dans mes précédents billets.
La CES a validé 41 dossiers de candidature. Madagascar semble avoir battu le record avec ce nombre là!
08-05-2013: la CENIT procède au tirage au sort des candidats pour la confection du bulletin unique.
La CENI-T veut avancer mais une partie de la Communauté Internationale n’est pas du même avis: la décision de la CES leur est très contreversée comme quoi elle ne respecte pas les lois malgaches.
La France est le premier pays à contester la décision de la CES à travers son ambassadeur ici à Antananarivo: François GoldBlatt. La France déplore surtout trois candidatures: celle d’Andry Rajoelina, de Lalao Ravalomanana et de Didier Ratsiraka.
11-05-2013: la SADC ou Communauté de Développement de l’Afrique Australe réclame le retrait des candidatures des trois principaux candidats.
En gros, c’est la soi-disant communauté internationale qui somme les 3 principaux candidats de se retirer. Selon eux, ces candidatures n’entraîneront que des troubles.
Ce n’est pas officiel mais c’est sûr qu’il n’y aura pas d’élection le 24 Juillet car il n’y aura pas de financement!
02-07-2013: La France insiste: « La France appelle de nouveau Mme Ravalomanana, MM Rajoelina et Ratsiraka à observer les recommandations faites par la communauté internationale, et donc à retirer leurs candidatures aux prochaines élections présidentielles »
15-07-2013: Le GIC-M ou Groupe International de Contact sur Madagascar lance un ultimatum au pouvoir de refondre la CES pour revoir la liste des candidats afin de retirer les 3 candidats controversés. Pourtant, selon la loi, la décision de la CES est irrévocable!
08-08-2013: Adoption du projet d’ordonnance permettant le retrait volontaire de candidature à la présidentielle
09-08-2013: Nouvelle CES ayant pour mission de faire la révision de la liste des candidats.
17-08-2013: Les trois candidats à l’élection présidentielle ont été retirés des listes électorales avec 5 autres candidats, moins importants: pour faire passer la pilule?
Cette décision de la nouvelle CES était prévisible vue la lourde pression de la communauté internationale.
21-08-2013: 33 candidats dans la liste définitive à l’élection présidentielle
22-08-2013: La CENI-T définie le nouveau calendrier électoral: le premier tour de la présidentielle va se tenir le 25 octobre prochain, et le deuxième tour, jumelé avec les législatives, se tiendra le 20 décembre. Le deuxième tour se déroulera durant la saison des pluies.
En second lieu, après deux reports pendant cette année 2013, cette troisième sera-t-elle la bonne?
En tout cas, Madagascar aura une élection au forceps. Ce qui est sûr c’est qu’une partie de la population se retrouve privée de son choix par la communauté internationale. Notons que les trois candidats retirés sont les trois favoris que l’on peut estimer à eux seuls pas moins de 60% des voix!
Beaucoup de pays étrangers attendent depuis trop longtemps pour investir à Madagascar, ils en ont marre d’attendre et ils accepteront les résultats des futures élections même s’il n’y aura qu’un taux de participation de moins de 30%.
Mais l’avis des malgaches dans tout cela???
Dernière nouvelle (vendredi dernier): le président de la transition Andry Rajoelina a annoncé qu’il accepte la décision de la CES et fera une passation en bonne et due forme au futur président élu. Tiendra-t-il parole cette fois-ci?
Et le buzz qui s’en suit: le drapeau malgache à l’envers durant son discours, blanc-vert-rouge au lieu de blanc-rouge-vert!
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