Je blogue à propos de la digitalisation
En cette journée mondiale du blog (31 août), je pense donc je blogue … et j’écris ce qui me vient à l’esprit. Je vais aborder un vocabulaire très en vogue à Madagascar depuis l’élection du régime actuel: la digitalisation. D’abord, du côté des amoureux de la langue de Molière, le débat fait rage à savoir : numérisation au lieu de digitalisation, transformation numérique au lieu de transformation digitale. « Digital » renvoie seulement aux doigts de la main. Je ne suis pas de ceux qui perdent mon temps à débattre sur cela, il s’agit de glossaire : je m’inquiète davantage de la façon dont la transformation numérique est conduite dans le pays. Ensuite, cet enjeu actuel du digital est si important que même le ministère en charge de ce sujet a été renommé :
- Avant : pendant plus de dix ans, c’était MPTDN pour ministère des postes, des télécommunications et du développement numérique
- Maintenant : c’est devenu le ministère du développement numérique, de la transformation digitale, des postes et des télécommunications abrégé MNDPT (au lieu de MDNTDPT) c’est-à-dire le numérique est mis en avant
Au début des années 2000, on parlait d’informatisation, c’est-à-dire de favoriser l’utilisation d’ordinateurs et de terminaux informatiques dans les services publics/privés mais ce mot est désormais substitué par la « digitalisation ». Le bon terme est plutôt « transformation numérique » car il y a un processus de transformation ou de mutation dans cette opération : des méthodes et des stratégies pour mener à bien cette transformation. Je travaille depuis 2021 à titre de consultant en transformation digitale et je suis alors très sensible aux entraves à l’application des bonnes pratiques de cette transformation.
Digitaliser ou numériser ne veut pas dire imposer l’utilisation de nouveaux logiciels ou d’applications informatiques parce que ce que vous faisiez auparavant (papier et machine à écrire) était nul ou parce que je suis ingénieur informaticien alors je sais que l’usage de logiciels devrait être la voie à suivre. Ceci explique la plupart des échecs dans l’intégration du digital dans les services publics. Une transformation numérique fournit les solutions attendues par le métier et ces solutions ne sont pas nécessairement à 100 % informatiques. Dans la digitalisation, on implique les métiers dans les choix informatiques. Les solutions développées dans ce processus facilitent vraiment la vie des utilisateurs et ceux-ci ne se sentent pas obligés.
Le ministère qui conduit la transformation est conscient des risques causés par l’informatique et il a prévu de gérer ces risques. Un transformateur digital se pose toujours la question : est-ce que nous disposons des bonnes ressources : humaines & matérielles. Lors de la mise en place d’une solution numérique, il est alors nécessaire de mesurer l’efficacité de l’usage de la solution et d’instaurer la culture de l’amélioration continue c’est-à-dire tenir des rétrospectives fréquentes pour corriger le tir en cas de piètres résultats.
Voilà ce que je peux dire pour cette journée mondiale du blog, savez-vous que je peux monologuer pendant des heures sur ce thème car c’est mon job quotidien. Au bout du compte, mon rôle c’est la gestion du changement : j’ai vu et entendu par exemple des agents publics refuser la numérisation de leurs activités, j’ai vu des applications mal conçues qui amènent les métiers cibles à penser que la digitalisation ne fait que compliquer les choses, etc.
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