Rijaniaina

Festival de BD Gasy Bulles 2013 : neuvième art, neuvième édition

Comme tous les ans au mois de juin se tient à Antananarivo un festival de bandes dessinées : Gasy Bulles. C’est un événement que je ne rate pas car je suis passionné par les dessins en tout genres : dessins animés, caricatures et bandes dessinées. Des expositions se tiennent au hall d’exposition de l’Institut Français de Madagascar (IFM) du 4 au 22 juin 2013. Et oui, il ne reste plus qu’une semaine.

Salon numérique Gasy Bulles. Crédit photo: Rija R.
Salon numérique Gasy Bulles. Crédit photo: Rija R.

Pendant les trois semaines du festival Gasy Bulles, une sélection de dessins d’hier et d’aujourd’hui parus dans la presse malgache et de l’océan indien vient garnir la galerie numérique de l’institut français.

Gasy Bulles 2013 = Expositions, rencontres, jeu-concours, ateliers, cinéma …

50 ans de BD en Afrique francophone

L’origine de la bande dessinée en Afrique est à chercher d’abord dans la bande dessinée destinée aux Européens et aux Africains alphabétisés. Ce n’est pas à proprement parler encore de la bande dessinée africaine dans la mesure où il s’agit essentiellement de comics publiés dans des revues coloniales. Les missionnaires ont très tôt utilisé les récits en images, au même titre que le cinéma éducatifs, pour édifier, éveiller des vocations et évangéliser.

L’âge d’or malgache

A Madagascar, les revues et les séries prolifèrent comme jamais en Afrique à partir du début des années 80. Le premier magazine contenant une partie BD apparaît en 1981, « Fararano Gazety ». C’est le début d’un âge d’or de dix années pour le 9ème art malgache avec des magazines et des comic-books très influencés par les furnetti italiens et le cinéma américain : « Benandro », « Koditra », « Inspecteur Toky » …

Affiches à l'exposition à l'IFM. Crédit: Rija R.
Affiches à l’exposition à l’IFM. Crédit: Rija R.

Cette production en langue malgache reste un phénomène unique en Afrique. En effet, dans les années 80, c’était l’époque de la « malgachisation » où les cours ont été écrits et enseignés en langue malgache, les livres d’enseignement étaient tous en malgache.

Les auteurs malgaches

Difficile d’en distinguer un ! Le réservoir semble immense et bourré de talents. Entre Didier Randriamanantena, Alban Ramiandrisoa, Pov, Richard Rabesandratana, Ndrematoa, Roddy, Anselme Razafindraibe, Aimé Razafy, Jean de Dieu Rakotosolofo, Ra-Lery, TOjo, Ramafa, Elisé Ranarivelo et bien d’autres, le choix est difficile à faire. Seule l’absence de marché est un frein à leur créativité.

Graphiquement, la bande dessinée africaine est la matérialisation d’influences diverses. La constance d’un trait fin dans les productions de nombreux auteurs africains renvoie à la « ligne claire » de l’école franco-belge, au Journal de Mickey et parfois aux mangas japonais. Cette filiation est bien entendu due à l’histoire et à la colonisation. Peu d’auteurs reprennent, par exemple, le travail de couleurs et de figuration naïve présent dans les enseignes des échoppes urbaines, influence que l’on trouve, par exemple, dans les ouvrages de l’illustrateur pour enfants camerounais Christian Epanya.

Vive la bande dessinée malgache !

Vive la bande dessinée africaine !

Hall d'exposition Institut Français. Crédit photo: Rija R.
Hall d’exposition Institut Français. Crédit photo: Rija R.
La BD en Afrique. Crédit photo: Rija R.
La BD en Afrique. Crédit photo: Rija R.
Une affiche. Crédit photo: Rija R.
Une affiche. Crédit photo: Rija R.
Galérie numérique. Crédit photo: Rija R.
Galérie numérique. Crédit photo: Rija R.


Liebster Award 2013: mieux vaut tard que jamais

Liebster Award ça continue. J’ai résisté à ne pas participer mais à la fin je me suis dit, pourquoi pas!

Je m’y prête au jeu pour ce prix du blog le plus aimé.

J’ai eu l’honneur d’avoir été nominé par Serge, blogueur résidant au Brésil de Carioca Plus et ma binôme Mondoblog à Dakar Nathalie avec son blog L’Unité dans la diversité deux blogueurs que j’aime bien et qui me fait sentir une réelle fierté de faire partie de la plateforme Mondoblog : ce nom sonne très bien non ? et résume bien ce que cette plateforme relate.

Serge dit que je suis sympathique, oui ce n’est pas faux, et Nathalie dit que je suis un féru des TIC, c’est totalement vrai. Bon, il est temps de se dévoiler.

Les règles

Les règles de ce concours sont simples : il suffit en premier lieu de mettre un lien vers le blog qui vous a nominé, chaque personne doit écrire 11 faits sur elle-même, répondre aux questions que la personne qui vous a nominée et créer 11 questions destinées aux personnes que vous allez nominer, choisir 11 personnes avec un lien vers leur blog. Il ne faut pas nominer les personnes qui vous ont nominées.

Les 11 faits sur moi

Qui suis-je ?

Difficile à cerner vu que je ne parle pas beaucoup et je ne blogue pas beaucoup non plus.

– Mon nom complet c’est Rijaniaina RANDRIANOMANANA. Beaucoup disent que nos noms sont très longs, ça c’est vrai mais dire que c’est imprononçable, c’est totalement faux, c’est facile, je peux vous apprendre si vous voulez bien?

– J’aime parler de la politique, les décisions politiques influencent l’économie et la vie sociale donc il faut s’y intéresser.

– J’aime parler de la religion : à Dakar par exemple j’ai eu l’occasion de discuter longuement des Témoins de Jéhovah avec Gaius, c’était très enrichissant !

– Je vis encore chez mes parents. Je vais encore y vivre même quand je me marierai en attendant d’avoir le moyen d’acheter une maison. Louer est possible mais mon salaire risque d’être accaparé par le loyer.

– Je regarde encore les dessins animés et j’aime ça. Quand j’aurais des enfants, ce sera encore une bonne occasion de continuer d’en regarder.

– Côté musique, je n’aime pas le rap, reggae, rock en français, à mon avis cela ne sonne pas bien. Je les préfère en anglais. Du soul en français, ça va. J’aime bien en tout la musique française au style français.

– Mais je ne sais pas jouer de presque qu’aucun instrument de musique mais j’aimerais bien apprendre: la guitare par exemple. Je sais, c’est un véritable mauvais point pour draguer les filles. Je suis trop geek!

– Comme la mondoblogueuse Lalah, je n’ai pas peur des caméléons. En fait, je n’ai pas du tout peur des petites bêtes. Quand j’étais petit, j’ai même élevé des tas de petits animaux: fourmis, vers, caméléons, lézards, moineaux, grenouilles, cafards, etc.

– Je kiffe le riz, j’en veux au moins deux fois par jour, c’est comme ça!

– Le voyage à Dakar dans le cadre de Mondoblog est ma première sortie du pays et j’aimerais découvrir d’autres pays, d’autres cultures

– Je veux la paix dans le monde, je veux la fin de toute discrimination et que la Terre ne sera qu’un seul pays comme le dit si bien ma binôme Nathalie.

Mes réponses aux 11 questions mélangées de Serge et de Nathalie

1-Pourquoi vous bloguez? Serge

Juste pour m’exprimer, dire par écrit ce que je n’arrive pas à exposer au parler. J’aime aussi ce canal de communication qu’est l’Internet malgré son taux de pénétration très faible au pays.

2-Que pensez-vous du terrorisme? Serge

C’est en général de la lâcheté mais est-ce que c’est nécessaire dans de rares cas, je ne sais pas !

3- Avez-vous déjà aimé deux femmes (hommes) en même temps? Serge

Non

4-Que pensez-vous du nouveau pape? Serge

Il a l’air cool. J’attends des actions concrètes de sa part pour la paix dans le monde.

5-Comment faites-vous pour gérer votre blog et vos relations dans la vie? Où trouvez-vous l’équilibre nécessaire dans tout ça? Serge

J’avoue que c’est compliqué pour moi. Aller à Dakar et prendre 16 jours de congé étaient difficiles mais ce fût un sacrifice qui en vaut la peine.

6-Quel est votre plus grand vœu ? Nathalie

J’avais beaucoup de souhaits il y a 5 ans mais avec la crise qui mine Madagascar depuis 2009, mon plus grand vœu maintenant c’est que le pays sorte de cette impasse.

7-Quel est votre crédo ? Nathalie

L’amour dans toutes ses formes – La paix – La réussite

8-Aimez-vous votre métier ? Pour quelles raisons ? Nathalie

J’aime mon métier, je suis informaticien développeur. Les Steve Jobs, Steve Wozniak et Bill Gates m’ont inspiré depuis mon adolescence.

9-Qu’est ce qui vous a le plus influencé durant votre enfance ? Nathalie

Le fait que mes frères sont tous des jumeaux sauf moi, cela m’a donné un sentiment d’indépendance, de force.

10-Que pensez-vous de la modernisation de la société ? Nathalie

C’est bien pour le côté sciences et techniques mais côté social et moral comme le mariage pour tous par exemple, je reste vote blanc !

11- Quelles sont vos positions sur le communautarisme ? Nathalie

Cela ne pose aucun problème selon moi. Comme tu le dis si bien : « Unité dans la diversité ». Il y a toujours des exceptions, il y a des formes de communautarisme à bannir.

Mes 11 questions

1- Pour quelles raisons bloguez-vous ?

2-Comment faites-vous pour gérer votre blog et vos relations dans la vie? Où trouvez-vous l’équilibre nécessaire dans tout ça?

3-Quelle est votre profession?

4-De quelle profession rêviez-vous quand vous étiez enfant ?

5-Est-ce que la liberté d’expression existe dans votre pays?

6-Quand je vous dis Madagascar qu’est-ce-qui vous vient à l’esprit ?

7-Dans vos pays, qu’est-ce qu’on dit quand on a mal? Par exemple aïe! pour les français, ouch! pour les anglais, kay! pour les malgaches …

8-Que pensez-vous du Mariage Pour Tous ?

9-Racontez-moi votre plus beau souvenir d’enfance ?

10-Est-ce que vous êtes satisfaits de la situation politique de votre pays ?

11-Quel livre me conseillerez-vous de lire ?

Les blogs que je nomine

J’ai décidé de ne nominer que des mondoblogueurs car cette aventure m’a marqué.

Pascaline alias Pé Pi To avec Entre médina et la belle étoile, elle endosse donc le rôle de « journaliste-citoyenne » avec fierté, elle a dernièrement écrit « Les femmes des bus 678 » sur le thème du harcèlement sexuel.

William le Journaliste presqu’engagé, j’ai aimé les débats qu’il nous a lancés à Dakar.

Josiane avec La lumière du Cameroun, la discrète mais très sympathique.

Danielle avec Nà TILà, la gentille et souriante camerounaise, selon moi c’est une blogueuse-née.

Abdallah avec Le Tchad sous les étoiles, un bon ami sympathique venant d’un grand pays qu’est le Tchad

Adjmaël avec Regarder l’archipel des Comores autrement, le comorien que j’aime bien, il connaît assez bien mon pays et m’a toujours dit de prononcer mon nom à ma façon mais pas à la française!

Manon avec Génération Berlin, j’aime bien ses articles, ses qualités d’écriture, dommage que je n’ai pas eu l’occasion d’en discuter avec elle à Dakar.

Seydou Badiane avec SocioRéflex, je suis un vrai fan de son blog.

Stéphane avec 26, rue du Labrador, un grand ami, un voisin de l’Océan Indien qui connaît bien Madagascar. Il a une très bonne vision apolitique du monde.

Gaïus Kowene avec AMKA AFRIKA, le benjamin de Mondoblog Dakar 2013 mais aussi le plus dynamique, tu as un grand avenir devant toi.

Alimou avec Ma Guinée plurielle, le gagnant de The Best of Blogs 2013 dans la catégorie francophone, la fierté de Mondoblog, je suis fier de toi mon frère !

The Liebster Award, Crédit photo: Kara, netscandy.com
The Liebster Award, Crédit photo: Kara, netscandy.com

A vos plumes les amis !


Madagascar, 41 candidats à la présidentielle

Je prends la plume parce que je ne peux pas rester silencieux sur cette surprise qui a animé les réseaux sociaux à Madagascar durant la journée de vendredi. Ce jour du 3 mai, la CES ou Commission Électorale Spéciale a délibéré de la liste officielle des candidats retenus pour le scrutin présidentiel du 24 juillet prochain. Le verdict est tombé et la liste finale est composée de tout de même 41 candidats (c’est nombreux non?) avec la surprise du jour, à la 41ème place il y a le nom de Andry Rajoelina le président de la transition en personne  qui ne figurait pas du tout dans les dossiers reçus par cette commission dimanche dernier la date limite de dépôt de candidature.

Politiquement vôtre

Rajoelina Ivato 2 Mai 2013
Conférence de presse de Rajoelina à Ivato 2 mai 2013

La liste définitive des candidats a été publiée par la Cour électorale spéciale (CES). Andry Rajoelina ainsi que Lalao Ravalomanana, la femme de l’ancien président renversé en 2009, Marc Ravalomanana, figure parmi les 41 candidats autorisés à se présenter.

41 c’est un record, on se demande si c’est un signe de la démocratie ou bien le prolongement du bordel politique qui secoue le pays depuis 2009. Heureusement, le ridicule ne tue pas. On a dépassé celui de la République Démocratique du Congo en 2006 avec 32 candidats.

Pour rappel, Rajoelina à l’instar de son prédécesseur en exil Marc Ravalomanana s’est engagé à ne pas se présenter au scrutin présidentiel dans le cadre de la facilitation du processus de sortie de crise.  Tout le monde fut pris de court ce vendredi en voyant dans la liste officielle des candidatures validées son nom juste après celui du candidat désigné par son propre parti, le TGV. On peut se demander: c’est quoi ça!? Qui est alors le candidat officiel du parti?

La valse de dépôt candidature du 6 au 28 avril nous a donc réservé beaucoup de surprises à commencer par celle de Lalao Ravalomanana, l’ancienne première dame, désignée comme la candidate de la mouvance politique opposante à Rajoelina. La deuxième surprise fut celle de l’ancien président déchu en 2002 Didier Ratsiraka que l’on attendait pas du tout à cause de son état de santé et de son absence au pays depuis longtemps. La troisième surprise fut évidemment celle de Rajoelina qu’on aurait dû la pressentir vu son discours le 2 mai à son retour de l’Italie d’une rencontre avec le pape François:

« Avec cette candidature, c’est comme si Marc Ravalomanana lui-même se présentait à l’élection ».

Et c’est effectivement cette excuse qu’il argue pour justifier sa candidature surprise qui rompt son engagement de ne pas se présenter. Or, c’est la femme de Ravalomanana dont il s’agit mais pas de Ravalomanana en personne qui est toujours empêché de retourner au pays malgré la mise en œuvre de la feuille de route de sortie de crise (signature septembre 2011) exigeant son retour « sans condition ».

Réactions à chaud

La surprise du jour est de taille. Les réseaux sociaux ont été vraiment agités l’après-midi et cette nouvelle reste le sujet principal. Beaucoup croyant que le concept du Ni-Ni (Ni Ravalomanana ni Rajoelina) autrement dit la non candidature des 2 protagonistes de la crise malgache était la bonne voie pour la sortie de crise voient leur espoir anéanti d’un coup par ce changement, on n’est pas sorti de l’auberge, il faut encore patienter.

A la radio et à la télé, les journalistes n’ont pas manqué d’interviewer les politiciens qui sont également en majorité étonnés de cette candidature. Beaucoup voient en cela une manière un peu habile de toujours saboter le processus de sortie de crise pour se maintenir au pouvoir. Pierrot Rajaonarivelo, un candidat au scrutin déplore même qu’il a menti à tout le pays.

Il y a aussi le mystère du dépôt de dossier. Le dimanche 28 avril, la commission électorale précise d’ailleurs que 49 dossiers ont été déposés et qu’il n’y avait pas du tout d’Andry Rajoelina dans la liste. Et ce vendredi, on découvre qu’il y a subitement un 50ème candidat et 41ème parmi les retenus. Une candidature « ninja » dit-on, une situation digne des « Chuck Norris facts » selon moi!

A la guerre comme à la guerre, tous les moyens sont vraiment bons. L’essentiel est de toucher l’adversaire. Il faut également s’attendre que la classe partisane de Ravalomanana revendique à nouveau son retour pour se présenter contre Rajoelina et briser totalement l’accord Ni-Ni pour un Oui-Oui.

Anecdote sur le bulletin unique

Les malgaches utiliseront pour la première fois le bulletin unique durant le scrutin de juillet. Or, avec 41 candidats, ce n’est pas évident. Le bulletin unique sur la base de 47 candidats mesure 1,20 mètre de long. Donc avec maintenant 41 candidats, il n’y aura pas un énorme changement. Le temps passé dans l’isoloir pour choisir son candidat et plier le bulletin risque d’être long. De plus, la majorité des électeurs sont analphabètes.

Drôle d’élection à venir!

Conclusion

Puisque l’on dit que ce scrutin présidentiel sera une élection libre, je n’ai rien contre toutes ces candidatures, les électeurs sont comme des clients, nous sommes roi, donnez nous tous les choix possibles. La cour électorale ne dira pas le contraire:

elle est soucieuse du principe de la liberté de tout citoyen de se porter candidat à toutes les élections, afin de permettre à tout un chacun de choisir librement celui ou celle qui dirigera leur destinée, pour instaurer un climat d’apaisement permettant de tenir des élections justes, crédibles et acceptées par tous.

Pour rappel aux candidats retenus, démissionnez vous car la loi c’est la loi :

Article 9.- Toute autorité politique, candidat à l’élection présidentielle du 24 juillet 2013, doit démissionner de ses fonctions à compter de la date de publication de la liste officielle des candidats.

Article 10.- Tout candidat aux fonctions de premier Président de la Quatrième République exerçant un mandat public est appelé à démissionner de sa fonction soixante jours avant la date du 24 juillet 2013.

 

C’est mon premier billet politique sur Mondoblog et ce ne sera pas le dernier!

Eh, le monde! Suivez Madagascar de prêt! Par ici les yeux!


J’ai rencontré les gasy de Dakar

J’ai eu la chance de rencontrer la communauté gasy (malgache) de Dakar lors de la formation Mondoblog qui a eu lieu du 06 au 14 avril dernier à Dakar.

Dès mon arrivée à Dakar, on me parle déjà de l’existence d’une communauté malgache et que l’on peut la rencontrer durant le culte du dimanche. J’ai alors attendu la fin de la formation pour aller à l’endroit le plus connu par les sénégalais que j’ai rencontrés pour trouver des malgaches, il s’agit de l’Eglise Protestante de Sénégal (EPS) sise à Dakar dans le quartier Plateau, à la croisée de la rue Wagane Diouf et de la rue Carnot.

Eglise Protestante Plateau
Église Protestante du Plateau. Crédit photo: Rija R.

Le culte commence à 10h15 mais je suis arrivé plus tôt à 9h40 pour apprécier les arrivées des fidèles. Cette église du Plateau officie pour des chrétiens protestants de toute nationalité (Cameroun, Togo, etc.). J’ai vu des africains de diverses origines arriver petit à petit mais à partir de 9h50 j’ai finalement vu arriver des « gasy » [gassi], oui des malgaches qui semblent être bien intégrés dans ce monde étranger où ils vivent !! Ce fut un grand moment de soulagement que de retrouver des compatriotes lorsque l’on part si loin de son pays. On était nombreux et je peux estimer qu’au moins un fidèle sur quatre est malgache. Nous sommes impliqués partout :  il y en a dans la chorale, le talentueux organiste est un malgache et enfin, le vice-président et la trésorière de l’église sont également des compatriotes. Je pense que cette implication ne s’arrête pas là mais c’est ce que j’ai vu ce dimanche-là. Bref, je me sentais comme chez moi, à Madagascar.

La diaspora malgache du Sénégal est à priori une communauté chrétienne composée de fidèles catholiques et protestants au sein de leurs paroisses d’adoption respectives. Le matin j’ai vu la communauté protestante et l’après-midi, j’ai vu les malgaches de toute confession qui se sont réunis cette fois dans la chapelle de l’Institution Notre Dame toujours au Plateau pour le « Pâques malgache ». Ce jour-là, ma rencontre avec la diaspora était brève mais je peux conclure qu’ils sont très sympathiques, c’est une communauté solidaire, se côtoyant encore dans le respect du « Fihavanana » malgache. Sur ce, j’en profite pour faire un petit coucou à Anna, une membre de la chorale, avec qui j’ai pu discuter pour obtenir les informations pour illustrer ce billet, la preuve de la sympathie malgache à Dakar.

Que font les malgaches là-bas?

Les malgaches sont là bas à Dakar pour plusieurs raisons, voici une liste non exhaustive de ce que j’ai pu en prendre note : les employés de l’Ambassade de Madagascar au Sénégal, des employés des Nations-Unies à Dakar, des étudiants boursiers, des médecins, des employés de l’ASECNA (Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar), des gendarmes en formation ainsi que bien sûr leurs enfants qui étudient dans les écoles du Sénégal.

Les communautés dans la communauté

Logo Association des Malgaches du Sénégal
Logo Association des Malgaches du Sénégal (AMS)

Tout au long de ce billet, j’ai parlé de la communauté au singulier mais c’est aussi les communautés avec les diverses associations malgaches qui existent. C’est une communauté dynamique : par exemple, l’ambassade organise souvent des activités, l’association des malgaches travaillant a l’ASECNA en font pareil . Il y a aussi l’Association des Malgaches du Sénégal ou AMS, cette dernière organise des activités dans le but de faire ressentir aux malgaches le goût du pays et aussi de promouvoir la culture malgache.  Les manifestations organisées par l’AMS sont à caractère culturel, artistique, sportif mais peuvent aussi n’être que des moments de détente pour s’évader un peu du train-train quotidien comme les brochette party ou la marche fraternelle et sportive de chaque mois. Je termine le billet par ces photos :

AMS Marche Mensuelle
AMS Marche Mensuelle. Crédit photo: Fifi (AMS)
Les jeunes AMS
Les jeunes AMS. Crédit photo: Fifi (AMS)
AMS Brochette party
AMS Brochette party. Crédit photo: Fifi (AMS)

 

 


Les geeks importèrent le Café TIC à Madagascar #cafeticmg

Ils inventèrent le Café TIC à Madagascar. Et oui, cet événement était bien à sa deuxième édition hier 24 Avril à la Salle de l’Horloge de la Gare Soarano, centre-ville d’Antananarivo. J’ai raté le premier Café TIC du 10 avril qui portait sur le thème Comment se fait-on de l’argent par/sur internet à Madagascar de nos jours? car j’étais encore en voyage à Dakar pour la formation Mondoblog qui m’a fait découvrir l’effervescence autour des TIC dans un autre pays africain mais de retour, je me suis promis d’écrire des billets pour la dynamique des TIC à Madagascar. Vu le nombre de l’assistance d’hier, le Café TIC n’étant qu’à sa deuxième édition est en passe de devenir le rendez-vous incontournable des férus et amateurs de nouvelles technologies à Madagascar.

Cette fois le thème du jour était « Demandez plus à votre mobile« . Il s’agit d’un moment de partage entre les organisateurs, les intervenants et surtout l’assistance sur les utilisations de nos terminaux mobiles comme les applications à utiliser par exemple. Aujourd’hui, quand on dit mobile, il s’agit des smartphones et des tablettes car les téléphones ne servent plus vraiment qu’à téléphoner.

D’abord, c’est quoi le café TIC

C’est une rencontre bimensuelle organisée par l’ONG HABAKA, anciennement dénommé Malagasy i-Hub pour parler de sujets autour des nouvelles technologies et du web en général.

Pour information, Habaka est notre version locale de Jokkolabs (Sénégal) et d’Akendewa (Côte d’Ivoire). Depuis ses débuts, elle a déjà organisé plusieurs évènements dont un #Barcamp co-organisé avec l’émission l’Atelier des médias/RFI lors du passage de Ziad Maalouf et Simon Decreuze à Madagascar.

Pour revenir au café TIC, je reprends un texte de l’organisateur relatant le but de ce rendez-vous périodique :

Les Cafés TIC ont été initiés afin de favoriser les échanges et le partage d’expériences dans le secteur des nouvelles technologies, faciliter le « networking » (réseautage) entre les acteurs, promouvoir et diffuser la culture web (culture TIC) à Antananarivo / Madagascar, ainsi que d’amorcer le débat et créer un espace propice à la discussion autour du web et des nouvelles technologies.

De plus, c’est : Entrée libre! Wifi gratuit!

Café Tic Édition 2 du 24 Avril

Pour le cas d’hier, il y avait donc deux intervenants principaux : il y avait Mamy Rakotomamonjy pour parler du développement d’applications mobiles à Madagascar et Tosoa Bacca présenté comme un « geek mobile addict » pour parler de son usage du smartphone.

Le premier intervenant est un développeur d’applications mobiles et fondateur d’une société de développement informatique à Madagascar. Sur un slide de cinq pages, il montre le chemin pour devenir un développeur d’applications mobiles. Il a aussi parlé du choix de la plateforme de développement en fonction des parts de marché et d’intégrer des communautés de développeurs. Le marché est encore très ouvert et l’on peut même faire du freelance dans ce domaine en s’inscrivant sur des sites comme Progonline, Freelancer, etc.

Le deuxième intervenant Tosoa Bacca bosse dans la géo-localisation et c’est pour cela qu’il a parlé de son utilisation de Twitter Mobile pour parler des embouteillages qu’il rencontre à Antananarivo, ainsi tous ceux qui le suivent savent où se situent les embouteillages et prennent des mesures en fonction de cela. A la fin, il a parlé d’une application mobile dénommée Waze : c’est une application GPS qui s’appuie sur une cartographie élaborée par ses propres utilisateurs, dans la philosophie des outils collaboratifs.

Il existe des millions d’applications pour mobile mais le mobile est surtout utilisé pour les réseaux sociaux. Les connaisseurs n’ont donc pas manqué l’occasion pour donner des petits cours d’utilisation de Twitter d’abord mais aussi d’autres outils comme Instagram, Foursquare, etc.

Geeks et geekettes au Café TIC 24 Avril
Geeks et geekettes au Café TIC 24 Avril. Crédit photo: Tsilavina

Les impressions de l’assistance

Beaucoup ont trouvé que le sujet a été très intéressant et les partages instructifs mais je me suis permis de voir les feedbacks sur Twitter en suivant le hashtag #cafeticmg. Et ben, une partie a trouvé que le thème de ce jour n’a pas été suffisamment approfondi. Il y a même ceux qui ont été déçus.

En fait, l’assistance est composée de deux groupes : des professionnels (développeurs, professionnels et experts en nouvelles technologies, blogueurs, journalistes spécialisés, etc.) et d’un public plus large (étudiants, curieux, etc.) d’où cette divergence de points de vue. En fait, les questions variaient beaucoup :  il y a ceux qui posent des questions comme c’est quoi un jailbreak? c’est quoi un utilisateur root? quelle est la meilleur application pour lire des documents Office? et il y a ceux qui demandent même c’est quoi une application mobile donc il est normal que la séance s’est un peu transformée en une initiation à l’utilisation de smartphones au dépens des geeks qui maîtrisent déjà tout cela.

J’ai demandé leurs impressions à trois développeurs déçus de la rencontre. Ils auraient aimé voir des présentations bien préparées de la part des intervenants, que l’on nous a présenté une cinquantaine d’applications « intéressantes » et que l’on parle de l’avenir des applications mobiles.  Le thème aurait dû être: « Demandez plus à votre mobile Android » selon Tefy. En effet, on n’a parlé que des terminaux Android au dépens des utilisateurs de la marque à la pomme (iPhone et iPad) et de Blackberry dans la salle, voire peut-être des utilisateurs de FirefoxOS.

Mais bon, ce ne sera pas le dernier café TIC, Habaka promet que le prochain sera encore plus intéressant 😉

L’organisateur lance déjà un appel à propositions de thèmes pour le prochain.

Enfin, l’évènement s’est terminé par un cocktail offert par Habaka l’organisateur. La bonne ambiance quoi hum!


Épaté par la dynamique des TIC à Dakar

Dakar est une ville qui bouge, je le redis encore. Cette fois c’est en matière de TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) mais je ne vais pas m’étendre longuement sur le sujet car la mondoblogueuse Sinath a déjà traité le sujet auparavant : Dakar : Silicon Valley de l’Afrique francophone ? Travaillant dans le monde des TIC, développeur de métier, blogueur par hasard, je ne peux pas rester silencieux sur la situation des TIC que j’ai vue à Dakar.

Connexion Wifi gratuite
Connexion mais pas Connection Wifi gratuite. Crédit photo: Rija R.

Les dakarois en particulier les jeunes sont hyper connectés : on peut trouver une connexion wifi gratuite un peu partout. De façon officielle, il y a du wifi « ouvert » à l’université Anta Cheikh Diop ainsi que sur la Place de l’Indépendance. Presque tous les restaurants du Plateau (centre-ville de Dakar) affichent « connexion wifi gratuite » car cela attire des clients.

Effervescence des jeunes dans les TIC

Vernissage Ndakaaru avec Mondoblog
Vernissage Ndakaaru avec Mondoblog. Crédit photo: Rija R.

Cette semaine à Dakar a été très enrichissante, j’ai constaté le dynamisme de la jeunesse sénégalaise en matière de nouvelles technologies. Les jeunes « geeks » de ce pays travaillent beaucoup pour faire de la capitale une sorte de capitale du high tech dans la région Afrique de l’Ouest.
Première illustration, j’ai eu l’occasion d’assister au lancement ou disons « au vernissage » de l’application Ndakaaru le produit d’une startup créée par des jeunes dakarois : il s’agit pour l’instant d’une application web et Android pour faire une visite par thématiques de la ville de Dakar, c’est vrai que ce n’est pas une grande innovation mais il faut un premier pas à tout et je les encourage à progresser.

Les jeunes n’ont pas attendu l’Etat pour se dynamiser comme cela. C’est d’une telle initiative privée (à but non lucratif de préférence) qu’est née Jokkolabs par exemple : il a pour vocation de susciter la réflexion et l’expérimentation de l’innovation technologique et sociale en Afrique.

L’État tente aussi de profiter de cette dynamique et c’est de là qu’est né un projet issu d’un partenariat public privé qu’est CTIC Dakar (Croissance TIC). CTIC est un incubateur c’est à dire qu’elle accompagne les entreprises TIC ainsi que les porteurs de projets, dans leurs phases de création, de développement et de croissance.

Beaucoup d’événements sont organisés à Dakar toujours grâce aux jeunes : Mobile Monday, Startup Weekend Dakar, Mozilla Tech, ateliers Drupal, etc. Je suis parti plus tôt de Dakar donc j’ai raté in extremis la finale du concours informatique Imagine Cup 2013 pour l’Afrique de l’Ouest qui s’est tenu à Dakar le 15 Avril.

Comme Sinath l’a dit:

A vrai dire, le plus dur commence après la victoire pour la meilleure équipe mais faut croire que  si les géants Microsoft, Google et Viadeo se sont installés à Dakar, c’est bien pour une raison.

J’ai testé la connexion Internet de Dakar, ce n’est pas rapide mais même si la connexion n’est pas aussi meilleure qu’à Madagascar où l’on est desservi par 3 fibres optiques. Il y a un fournisseur qui propose le 4G depuis déjà 3 ans, cela ne constitue pas un obstacle pour les jeunes sénégalais.

Le taux de pénétration internet au Sénégal tourne autour de 5% pour une population de 12 millions alors qu’à Madagascar ce n’est qu’un peu plus de 2% pour une population de 20 millions.

Bravo Sénégal, il faut continuer dans cette voie-là et pour vous encourage, je reprends les dire de Karim Sy :

« Voir les TIC comme un nouveau secteur est une erreur, cela va devenir le cœur de l’économie »

et

« L’Afrique sera la 3ème population mondiale en 2050, il faut avoir des perspectives dès maintenant ».

Bouteille d'eau Startup Weekend Dakar 2013
Bouteille à l’effigie de Startup Weekend. Crédit photo: Rija R.

Le cas Madagascar

Madagascar 2ème Internet le plus rapide en Afrique (source ici) après le Rwanda selon un dernier résultat officiel : il semble qu’on est plus rapide que les géants africains comme l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Égypte, etc. A Madagascar, les opérateurs ont l’infrastructure mais les utilisateurs n’ont pas le moyen !

Mais cela commence à bouger. Nous avons déjà un équivalent à Jokkolabs (Sénégal) et à Akendewa (Côte d’Ivoire), il s’agit de HABAKA. Dommage, il n’y a encore que cela. Bof, il faut avouer que Madagascar vit dans une crise qui dure déjà plus de 4 ans qui ne lui permet pas de s’épanouir convenablement.


Les sénégalais aiment construire

J’avais commencé mon blog aventure sur Dakar par une comparaison entre Antananarivo et Dakar, deux villes africaines qui d’un côté se ressemblent mais d’un autre côté Dakar connait une certaine prospérité dans son urbanisation depuis ces dernières années. Ce que j’ai remarqué en arrivant à Dakar ce sont ses longues autoroutes or il y a également des tronçons d’autoroutes en construction. J’ai remarqué également les buildings en construction, on en voit presque tous les 100 mètres.

A Dakar, on a parlé de riz (là les mondoblogueurs ont un petit peu exagéré). On a parlé de ces chauffeurs de taxi ou des vendeurs qui nous saoulent par leurs manières de procéder. Serge Katembera a parlé de son café horrible (café Tou…  quoi) etc.

J’ai trouvé Dakar calme et prospère, René Jackson ne dirait pas le contraire :

Je souriais quand elle s’est attaquée avec véhémence au désordre manifeste des citoyens de Dakar. Quand elle décriait leur incivisme notoire. J’ai souri longtemps pendant qu’elle parlait. J’ai fini par lui dire : « si vous considérez que Dakar est une ville de hors-la-loi, je vous déconseille vivement de mettre un jour les pieds à Douala ».

Building en construction
Image d’un immeuble en construction à Dakar. Crédit photo: Rija R.

J’avoue que j’étais un peu comme un paysan qui va en ville pour la première fois en allant à Dakar, j’ai laissé tomber tous les  préjugés que j’avais des villes africaines. J’aime ma ville (Antananarivo) mais je suis retourné avec le cœur brisé dans une capitale où il y a une absence totale de plan d’urbanisation, il y a tellement de choses à changer.

La première question que j’ai posé à Monsieur Sané et Madame Ba membres d’une modeste famille dakaroise que j’ai interviewés c’est: « Comment expliquez-vous ces immeubles en construction que je vois partout à Dakar ? »

et leur première réponse est: « les sénégalais aiment construire ».

Qui construisent ces immeubles?

Selon eux, ce sont les sénégalais qui se sont immigrés dans d’autres pays qui construisent ces immeubles, ils travaillent dans les pays aux alentours mais il y en a même en Côte d’Ivoire et au Congo. Ils gagnent beaucoup mais selon une autre source, il s’avère aussi que beaucoup de sénégalais occupent des hauts postes à l’ONU et dans d’autres instances internationales.

Dakar s’urbanise, il n’y aura plus de place pour les baraques et les petites maisons. Les quartiers que l’on peut considérer comme des bidonvilles commencent à disparaître petit à petit. Face à cette situation, les propriétaires vendent leurs baraques pour s’installer ailleurs. Les promoteurs immobiliers sont les preneurs: ils rasent les petites maisons pour y ériger des immeubles où les appartements se louent à des prix pas à la portée de toutes les bourses.

Rumeurs sur la source d’argent de cette prospérité

Autoroutes de Dakar filmées à 19h du soir
Autoroutes de Dakar filmées à 19h du soir. Crédit photo: Rija R.

On m’a aussi dit que ce sont aussi les anciens dignitaires qui sont les propriétaires de certains buildings en construction. L’ancien président Abdoulaye Wade a beaucoup contribué dans l’urbanisation de Dakar mais le problème c’est qu’il y avait beaucoup de détournements de fonds publics durant ses mandats. Mais bon, je ne connais pas les péripéties politiques du Sénégal donc je ne m’engage pas dans cette voie-là. A propos des sources de financement de cette prospérité « immobilière », j’ai entendu : le maire Khalifa Sall y travaille beaucoup, c’est l’argent des immigrés, c’est l’argent des anciens dignitaires du régime ainsi que c’est l’argent du trafic de drogues dans le pays voisin Guinée Bissau mais je m’arrête encore là pour éviter toute accusation de fausses déclarations qui pourrait me coûter une interdiction de fouler le sol du Sénégal.

Il faut aussi reconnaître que le Sénégal bénéficie toujours des aides de la Banque Mondiale, du Fonds Monétaire Internationale (FMI) ainsi que d’autres bailleurs de fonds.

Revers de ce développement

Le revers du décor dans cette urbanisation selon mes interviewés c’est que les dirigeants ne tiennent pas compte de la réalité africaine où l’on aime vivre en communauté : les parents ont beaucoup d’enfants, les grands-parents, les oncles et les tantes aiment vivent sous le même toit. Dakar n’échappe pas au phénomène de l’exode rural qui sévit partout en Afrique: la population de Dakar effleure les cinq millions (3 215 255 habitants en 2011 selon Wikipédia), beaucoup de gens venant de Thiès et de Kaolack par exemple se sont émigrés ici.

On constate aussi la venue de beaucoup d’étudiants africains à Dakar. Il y a beaucoup d’universités privées à Dakar qui coopèrent avec de grandes universités en Europe et au Canada mais l’université publique Anta Cheikh Diop reste bien réputée en Afrique.

Bidonville Niarry Tally
Des baraques dans le quartier de Niarry Tally. Crédit photo: Rija R.

Toute cette prospérité a un prix, c’est que la vie est devenue chère à Dakar. Le prix du loyer a par exemple doublé en quelques années avec ce remplacement des baraques par des buildings dans les quartiers populaires comme à Niarry Tally où j’ai effectué mon reportage : une chambre d’étudiant coûte 30 000 CFA à 50 000 CFA, il faut débourser au minimum 110 000 CFA pour avoir un studio.

Bref, Dakar n’est pas mal pour s’y installer.


D’Antananarivo à Dakar, nous allons comparer

Je quitte mon pays pour la première fois pour se rendre au pays de la Teranga (Sénégal) plus précisément à Dakar, l’ancienne capitale de l’Afrique Occidentale Française. Je suis parti avec les a priori qu’entre ancienne colonie française les deux capitales que sont Antananarivo et Dakar ont les même infrastructures et le même état de développement. Je suis sur place depuis une semaine et je peux enfin livrer mes impressions sur cette ville magnifique. Cette comparaison se présente sous la forme d’un match de football qui est d’ailleurs le sport préféré du Sénégal où un but est marqué à chaque fois que l’une des deux villes est meilleure dans le domaine mentionné et aucun but n’est marqué lorsque le même cas existe dans les deux c’est-à-dire que les deux sont à égalité.

Plateau, Crédit photo: Rija R.
Plateau, Crédit photo: Rija R.

Bien que distante de plus de douze heures de vol en avion, la relation entre nos deux pays dure depuis longtemps, il y avait même une ambassade du Sénégal à Madagascar jusqu’en 2012. En effet, durant mes reportages sur le terrain, les vendeurs dakarois de la Place de l’Indépendance dès que je leur dis que je viens de Madagascar, ils me répondent toujours : « Antananarivo » comme quoi ils connaissent bien mon pays. Je me dois de faire ce comparatif pour me faire pardonner du préjugé que j’avais d’une ville africaine car vu d’en haut en arrivant de l’avion, je voyais Dakar aussi pitoyable qu’Antananarivo à cause du bidonville situé tout proche de l’aéroport par exemple mais en parcourant la ville, j’ai vu qu’il est doté de longues autoroutes et qu’il y a beaucoup de chantiers en construction, voilà un grand signe de prospérité.

Le match Dakar – Antananarivo commence maintenant!

Les stades de football

Stade Léopold Sédar Sengho depuis un taxi, Crédit photo: Wikimedia Commons.
Stade Léopold Sédar Senghor depuis un taxi, Crédit photo: Agamitsudo (Wikimedia Commons)

A Antananarivo, on a le Stade Municipal de Mahamasina tandis qu’ici ils ont le Stade Léopold-Sédar-Senghor sur la route menant vers l’aéroport de même nom. Celui de Mahamasina a une capacité de 30 000 places tandis que celui de Dakar peut supporter 60 000 places. De plus, le Stade Léopold-Sédar-Senghor a déjà abrité la Coupe d’Afrique des Nations (CAN).

Dakar marque un but: 1 – 0

Autoroutes

J’ai appris des dakarois que Abdoulaye Wade a beaucoup contribué dans l’urbanisation de Dakar en bâtissant les autoroutes. Le nombre d’autoroutes à Dakar est plus nombreux qu’à Antananarivo et de plus chez nous ce sont plutôt des voies rapides mais non pas des autoroutes. Il faut reconnaître que nous sommes en retard en matière d’infrastructure autoroutière.

Score: 2 – 0

Cherté de la vie

La monnaie utilisée au Sénégal est le Franc CFA et 1 franc équivaut à 5 Ariary environ (la monnaie de la République de Madagascar).

Cannette de Coca: 400 CFA vs 2000 Ar ( = 400 CFA)

Journal L’Observateur: 100 CFA vs 400 Ar (80 CFA), légèrement supérieur

Loyer d’un mois pour une chambre: 60 000 CFA vs 200 000 Ar (40 000 CFA), supérieur

Hamburger PM: 900 CFA vs 1500 Ar (300 CFA), supérieur

Bref, les prix sont en général supérieurs à Madagascar (carburants, frais de transport, etc.). Considérons que la cherté de la vie est un inconvénient pour choisir une ville où vivre. Sur ce, Antananarivo marque un point.

Score : 2 – 1

Le transport en commun

Car rapide de Dakar, Crédit photo: Rija R.
Car rapide de Dakar, Crédit photo: Rija R.

Le transport en commun le plus connu à Dakar est ce qu’ils appellent « car rapide ». Ces véhicules sont multicolores donc très remarquables. Ils ne sont pas confortables : premièrement, les voitures sont d’une marque et d’un modèle très anciens et deuxièmement, elles n’ont pas de vitres. L’équivalent du car rapide chez nous c’est le taxi be, des derniers modèles de fourgons de la marque Mercedes que l’on a capitonnés pour en faire des véhicules de transport en commun.

Sur ce point, Antananarivo égalise. Score : 2 – 2

Bus de Dakar, Crédit photo: Rija R
Bus de Dakar, Crédit photo: Rija R

Mais il n’y a pas que les cars rapides ici, il y a aussi les longs bus introduits au temps de Wade et ils sont jolis. Les routes d’Antananarivo sont trop étroites faute de sérieux plan d’urbanisation pour permettre à ce genre de véhicule de circuler aisément : en gros, il n’existe plus de bus en activité chez nous.

Là, Dakar marque et reprend son avance. Score: 3 – 2

J’ai remarqué aussi que les dakarois sont des couche-tard et j’ai vu beaucoup de cars rapides qui travaillaient encore à 23h. Incroyable car chez nous, à 21h vous allez galérer pour trouver un bus.

Score: 4 – 2.

Quartier populaire

Quartier Niarry Tally, Crédit photo: Rija R.
Quartier Niarry Tally, Crédit photo: Rija R.

Il y a beaucoup de quartiers populaires à Dakar mais j’ai effectué mon reportage pour le quartier de Colobane et le quartier de Niarry Tally. Il y a actuellement une sorte de boom immobilier à Dakar : on démolit l’ancien immeuble pour y construire un nouveau ou bien on en construit sur un nouveau terrain remblayé. La venue d’étudiants étrangers pour étudier aux universités publiques que privées au Sénégal est la cause de la hausse des prix dans l’immobilier. Malgré ce boom, les quartiers populaires se ressemblent à Antananarivo qu’à Dakar. J’ai également visité à pied le quartier de Ouakam et les quartiers populaires dakarois se ressemblent tous.

C’est match nul: 0 – 0 !

Quartier résidentiel

Le seul quartier résidentiel ou chic que j’ai vu à Dakar c’est la cité qui longe la côte allant vers le centre ville. On dirait le Beverly Hills transporté à Dakar avec les palmiers qui décorent les trottoirs. Mais bon, Antananarivo n’est pas une ville côtière donc le contexte est différent et la comparaison ne tient pas. Tout de même, à Antananarivo, il existe aussi des quartiers bling bling comme cela dont Ivandry et Ambatobe où résident beaucoup de nos dirigeants.

C’est match nul : 0 – 0 !

Le marché

J’ai parcouru le grand marché de Colobane durant une heure et la ressemblance avec le marché à Antananarivo m’a frappé, je crois même que c’est une tendance générale en Afrique : les friperies, les vendeurs occupant le trottoir, les étalages de fortune en bâche, etc.

C’est tout à fait le même, par conséquent c’est encore match nul !

Wifi

Le Sénégal est connu pour être le précurseur d’Internet en Afrique occidentale. Le débit est pas mal mais le pays n’en reste pas là, on peut avoir du Wifi ouvert dans divers lieux publics comme à l’université Cheikh Anta Diop et à la Place de l’Indépendance au centre-ville. On peut même en trouver dans d’autres quartiers car les sénégalais sont hyper connectés. Dommage, à Madagascar, ce genre d’infrastructure n’est pas encore à l’ordre du jour des ministères concernés. Dakar marque encore un point, j’aurai même pu en mettre deux!

Score : 5 – 2 !

Je m’arrête sur ce score là. J’apprécie la ville de Dakar et j’aime bien aussi son riz (un petit coucou aux mondoblogueurs Dakar 2013). Le style de l’article c’est d’apporter un esprit critique sur les traits de pauvreté et de développement dans les deux villes.


Les clichés, les apriori avant le début du choc des cultures à Dakar

J’ai déjà écrit un billet similaire sur les clichés mais là c’est plus fort que moi j’en remets une couche.
Il faut oser en parler, je n’aime pas l’hypocrisie.
Mais les clichés sont souvent limite limite racistes.
Les clichés, les apriori, les préjugés … les voici:

Quand on parle à une personne en l’appelant avec son gentilé ou avec une particularité physique au lieu de son nom, c’est qu’il y a quelque chose, c’est sûr.
Le congolais, le malgache, le canadien, le basané, l’ivoirien, le camerounais, le grand sénégalais, etc.

Si je vous dis un nom par exemple: RANDRIAMALALAVOLOLONA. Beaucoup sauront que c’est un nom malgache et beaucoup diront que c’est imprononçable. Moi, en tant que « gasy », je trouve que c’est plus facile à dire que « Gérard » dont je ne sais même pas ce que cela veut dire. Il y a ceux qui attribuent des noms en fonction de leurs aïeux, parce que le grand-père ou la grand-mère s’appelait comme ci ou comme ça sans savoir ce que leurs noms signifient vraiment alors qu’à Madagascar comme dans d’autres pays africains, les noms ont des significations: Andry (pilier), Rija (droiture), Mahery (fort), Mirana (souriante), etc.

Ça c’est le cliché sur nos petits noms (ouais des noms kilométriques, ça va ouais) mais qu’en est-il des peuples.

Madagascar!
Le film! Alors là, faut arrêter avec ce cliché là, quelqu’un vous traiter d’illettrés là!
Un pays très pauvre! Là, je ne nie pas, c’est vrai donc ce n’est pas un cliché.

Un africain en Ukraine!
On entend souvent qu’ils sont un peu racistes les gens de l’Europe de l’Est. Il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier. Pour l’instant, aller étudier ou travailler là-bas pour un africain, il faut s’attendre à des regards de travers, à des regards méchants. Le monde évolue, cela diminuera petit à petit tendant jusqu’à disparaître.

Un tunisien! Du Maghreb quoi!
Vous n’aimez pas que l’on vous dise que vous êtes africains. Bizarre, l’Afrique n’est-elle pas le continent bordé au nord par la mer Méditerranée?

L’Afrique et la guerre
Il faut reconnaître que c’est un cliché très connu de ce beau continent. Tellement que le conflit se produit au Nord-Kivu au Congo que c’est le tourisme du Sénégal un pays africain plus loin qui en pâtit.

Ce qui agace aussi dans les clichés c’est de mélanger les pays limitrophes mais dont les relations ne sont pas au beau
fixe. Dire qu’un gambien est un sénégalais ou vice versa, c’est l’insulte garantie.
Les camerounais et les guinéens équatoriens.
Les espagnols et les catalans.
Les éthiopiens et les érythréens.
Depuis la division du Soudan en deux, dire qu’un soudanais du nord est le même qu’un soudanais du sud est à éviter!
Les wallons et les flamands.

Une anecdote que j’ai sue d’un grand ami: dire d’un rwandais qui habite au Congo qu’il est rwandais fâcherait ce dernier,  les rwandais du Congo aiment bien qu’on leur dise qu’ils sont congolais.

Le choc des cultures à #MondoblogDakar
Un petit billet vite fait bien fait de Rija, « le malgache » pourquoi pas! Clichhhh…ééé!


Les femmes malgache et le Miralenta (égalité du genre)

Je republie ici un billet de mon autre blog, on va d’abord parler des femmes influentes dans le monde: il y a d’abord Angela Merkel la chancellière allemande, elle est influente car elle dirige un pays du G7, ensuite vient Christine Lagarde le SG du Fonds Monétaire International (FMI) et n’oublions pas Michelle Obama bien que n’occupant un vrai poste de dirigeant, c’est la femme du président du pays le plus puissant au monde. Mais des femmes au pouvoir, présidente ou premier ministre, il y en a beaucoup mais le nombre est encore très faible par rapport aux hommes : ici en Afrique, nous avons une femme présidente depuis le Janvier 2006, il s’agit d’Ellen Johnson Sirleaf le président du Libéria …

Parlons de la France, un pays développé mais il faut avouer que les Français sont machos, les femmes ont rarement atteints les hauts rangs par rapport à ses voisins. Dans le temps, une femme est devenue Premier ministre (Edith Cresson) mais rare sont ceux qui s’en souviennent. Une femme a failli devenir présidente (Ségolène Royal) mais les Français ne l’ont pas élue pour un programme quinquennal pas convaincant.

Les femmes continuent de lutter pour obtenir l’égalité avec les hommes dans le monde, on nomme ce projet comme « Mira lenta » à Madagascar, un projet qui vise au moins 30% des postes dirigeants pour les vehivavy = viavy = ampela. Elles le méritent car démographiquement, elles sont plus nombreuses. De nos jours, dans les villes, pas comme dans le passé, les femmes étudient et travaillent.

Le soucis c’est que la majorité des femmes reste moins éduqué que les hommes, la mentalité en général est aussi macho donc la plupart préfère voir les hommes diriger que les femmes. Le principal blocage au « Mira lenta » ce sont les femmes elles-même, elles seraient jalouses de voir d’autres personnes de son genre atteindre des places importantes, réussir. C’est la mentalité « mifamingana » des Malagasy qu’il faut abandonner si nous voulons réussir, sortir de cette pauvreté sans fin.

Insolite: à propos de sexisme, les femmes de France n’ont trouvé mieux à faire pour lutter en faveur du « Miralenta » que d’exiger les mentions Madame (mariée) ou Mademoiselle (non mariée) dans les formulaires administratifs. Et elles ont peut-être raison! A lire sur 20minutes.fr

Les dates des élections approchent à Madagascar pour cette année 2013 or l’égalité du genre est loin d’être acquise, on ne dispose que d’un taux inférieur à 10% en matière de représentativité des femmes au sein du parlement et des collectivités décentralisées, selon les statistiques. C’est pour cela que l’EISA (Institut Électoral pour une Démocratie Durable en Afrique) a organisé une réunion consultative sur l’appui de l’EISA aux femmes malgaches candidates aux élections récemment chez nous. Cette organisation entend  jouer un rôle de facilitation et d’impulsion pour favoriser le succès des candidatures féminines.